Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome I, 1838.djvu/198

Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
SOUVENIRS D’UN FANTÔME

Écoutez, Annunziata, écoutez la terrible résolution de l’auteur de vos jours ; c’est sans doute le plus grand sacrifice de l’amour paternel. Je vais vendre mon âme au démon pour vous racheter tous… J’aurais dû le faire sans rien dire ; mais cet effort est au dessus de mes forces ; il faut que j’emporte la triste consolation que mes descendants apprécieront l’étendue de ce sacrifice ; qu’ils m’en récompenseront par leurs regrets… Adieu, ma fille ! vous ne verrez pas votre père dans le ciel !…»

Le comte Guidi se tut, son émotion l’empêchant de continuer : Annunziata, en proie à une cruelle angoisse, ne pouvait retenir ses sanglots. Le dessein de son père achevant de la désespérer, elle se disait que souffrir qu’il l’accomplît serait se rendre coupable d’un parricide sans exemple ; aussi elle s’écria avec force :