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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

voile, et la jeune fille se sentit soulagée quand elle ne vit plus que ce riche costume qui lui cachait un corps de fantôme. La comtesse sembla se recueillir, puis elle ajouta :

« Une faute terrible, un crime qui passe toute croyance, et dont la peine retombe sur toute la race du coupable, vous a tous livrés à l’esprit du mensonge, et pèse sur eux depuis le jour de leur naissance jusqu’à celui du dernier jugement, jusqu’à ce jour dont l’éternité sera le lendemain ; et, pour rompre ce charme funeste, il faut qu’un Guidi se dévoue, pour toute notre postérité, volontairement à une damnation éternelle. »

Annunziata, poussant un cri d’horreur, se leva avec vivacité de son siége, où elle retomba soudain ; la comtesse se leva aussi, mais pour disparaître, sans laisser d’autre vestige de sa venue que la noire empreinte du gazon sur lequel avaient glissé ses pas,