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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

Cette inconnue, dont les cheveux noirs étaient crêpés en deux grosses touffes pendantes sur les oreilles et le long des joues, portait une coiffure d’or ciselé en forme de diadème, du sommet de laquelle tombait un voile de fine laine, magnifiquement brodé et assez épais pour dérober ses traits. Un pas lent et solennel, la roideur d’une taille emprisonnée, dans de fortes baleines, ajoutaient à la bizarrerie de cette apparition.

À mesure que l’étrangère s’approchait, la signora Guidi s’étonnait de ne pas lui trouver quelque chose d’étrange sous ce costume si peu en rapport avec le temps où elle vivait. Une pensée confuse lui disait qu’elle ne la voyait pas pour la première fois, et, en effet, elle se rappela que ce costume était celui d’une comtesse Guidi, l’une de ses aïeules qui vivait au milieu du xve siècle, et dont le portrait figurait dans la grande salle du