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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

du comte Guidi, tandis que ses frères et son amant chassaient dans la forêt voisine, Annunziata s’assit sous un berceau en fleurs. Là elle s’abandonnait à une douloureuse rêverie, lorsque, de la profondeur d’un bois d’orangers, de myrtes, de lauriers et de grenadiers qui balançaient leurs rameaux odoriférants au souffle d’une brise embaumée, elle vit venir une femme vêtue d’un costume singulier et dont la forme était celle que portaient au xve siècle les personnes de haute condition. C’était une longue robe de velours rouge brochée de fleurs d’or, avec une mante de gros de Naples bariolée des couleurs les plus vives ; ce costume était relevé par des ceintures, des carcans, des bracelets, des claviers et des ornements d’orfèvrerie massive, travaillés à jour, émaillés et chargés de pierreries qui étincelaient aux derniers rayons du soleil couchant.