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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

guerres, le faisaient distinguer parmi ses rivaux. Le voir sans l’aimer semblait difficile. Annunziata ne réprouva que trop. Elle céda insensiblement a cet attrait qui enivre une âme tendre, elle connut l’amour, d’abord comme un doux rêve, de l’âme, puis avec toutes ses émotions violentes qui nous suivent dans la veille comme dans le sommeil.

Mais déjà un remords naissait en elle. La belle Italienne savait que, dévouée au culte de Marie, c’était une profanation que de s’en éloigner. Le vœu maternel pesait sur elle, ce vœu, dont sa mère avait cru faire une protection céleste, tombait sur Annunziata comme une malédiction. Une autre pensée la tourmentait encore, celle qu’elle était destinée, à périr d’une mort violente, et que peut-être elle porterait la même destinée à la postérité de son époux. C’était plus qu’il n’en fallait pour la plonger dans une mélancolie pro-