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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

seul, peut-être, de tous les croisés, il rapportait quelque trésor qui provenait de la rançon des Sarrasins qu’il avait faits prisonniers. Confiant envers son ami, il lui montra le fruit de ses peines ; Mainfroid, envieux du bonheur de Sanche, résolut de s’approprier les richesses de mon frère. Un soir qu’ils traversaient les Alpes, les deux chevaliers, précédant toujours leurs soldats, s’égarèrent, et, dans les détours des montagnes, perdirent de vue leurs écuyers : ils cherchèrent longtemps une hôtellerie ; enfin, à la nuit, ils trouvèrent une maison où l’on voulut bien les recevoir : sur la demande de Mainfroid, leur chambre fut commune. Vers les onze heures, étant seuls, Sanche, pressé de se livrer au repos, se déshabillait, et son ame pieuse s’élevait vers son Créateur, lorsque, ô douleur !… Mainfroid tire son épée et la plonge dans le sein de mon mal-