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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

sur un tilleul voisin, troublait seul, par son ramage mélodieux, le calme profond de cette retraite délicieuse. Sancie descend de son palefroi, et couchée au pied d’un saule, après s’être abandonnée quelque temps à ses rêveries, chanta la chanson que je transcris :

Le jeune et folâtre Zéphyre
Déjà vole parmi les fleurs ;
Orné de brillantes couleurs,
Flore sourit à son empire.
Tout semble chanter le plaisir,
Dans la nature ; tout respire ;
Mais, dans mon cœur qu’amour déchire,
La paix ne veut pas revenir.

Dans ce bocage solitaire,
Cherchons un remède à nos maux ;
Mais comment trouver le repos
Quand la blessure nous est chère !
Peines d’amour viennent s’offrir,
Mon âme faible les désire ;
Et, dans ce cœur qu’amour déchire,
La paix ne veut point revenir.