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PRÉFACE


Le lecteur va, dans un instant, lire les vers de Mademoiselle Blanche Lamontagne : à quoi bon lui vanter la poésie chantante des Visions gaspésiennes ? Il aimera mieux en découvrir lui-même le charme exquis, l’aimable simplicité, et la sincère émotion. D’autre part, pourquoi ferais-je remarquer d’abord que la coupe des vers n’est pas toujours irréprochable, et que la forme est parfois lâchée ? Le lecteur, devant cette œuvre de début, trouvera plutôt merveilleux qu’elle soit le plus généralement exempte de gaucherie, et admirera que, dans sa naïve inexpérience, la jeune poétesse ait eu tant de choses délicates à dire, et les ait dites si agréablement, sans tarabiscotage de sentiment et sans banalité d’expression.

Mais il convient de noter ici que ceci, lecteur, est un livre de bonne foi. Appliqué à un recueil de vers, ce vieux mot n’est plus banal ; il en parait tout rajeuni.

Mlle Lamontagne aime ce qu’elle chante ; elle chante ce qu’elle croit. Sans doute, un poète, au moment qu’il écrit, est toujours plus ou moins sincère ; mais l’enthousiasme, où le hausse pour un instant une inspiration passagère, ne laisse pas souvent d’être quelque peu factice. Le poète vraiment sincère est celui dont la vie est vouée, tout entière et pour toujours, à quelque beau