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VISIONS GASPÉSIENNES


LA CAMPAGNARDE


La porte est entr’ouverte. Au fond de la maison
On peut voir un bon feu qui flambe en la cuisine.
Une croix de bois franc paraît à la cloison.
Un catéchisme ancien sur l’armoire avoisine.
Debout, la campagnarde au visage animé.
Mise candidement : grosse jupe et mantille.
Surveille avec adresse un bouilli parfumé :
Si j’étais toi, garçon, j’aimerais cette fille !

Au temps des fenaisons on peut la voir aussi,
Dès le jour, ramassant les épis et les herbes,
Joyeuse, sans regret, sans peur et sans souci.
Élevant de ses mains les triomphales gerbes.
Tout le long des côteaux, tout le long des penchants
Son bras n’est jamais las de porter la faucille,
Et le fond de ses yeux est clair comme nos champs :
Si j’étais toi, garçon, j’aimerais cette fille !