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VISIONS GASPÉSIENNES


Les secrets enfermés dans tes lambris obscurs.
Les souvenirs d’amour qui dorment sur tes murs !…
....................
Lorsque je sentirai qu’il est temps de me taire,
Et quand j’aurai fini de contempler la terre ;

Quand le calme des soirs et l’éclat des moissons.
Ne me donneront plus de suaves frissons ;

Quand mes yeux refermés ne pourront plus connaître
Les couchers de soleil qui teignent ma fenêtre ;

Quand je n’entendrai plus descendre les troupeaux,
Le soir, du long des champs et du long des côteaux ;

Quand je ne verrai plus, ô matin, tes lumières
Dorer les blés naissants et le front des fermières ;

Quand le printemps naîtra, jeune comme autrefois,
Et que je n’aurai plus mes amours et ma voix ;

Quand, de nouveau, la sève aura saisi les choses,
Et que je resterai froide parmi les roses ;

Afin que, bien que mort, mon cœur puisse frémir,
Dans la vieille maison qu’on me laisse dormir !