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VISIONS GASPÉSIENNES



Aimons notre village, aimons notre chaumière.
Le vieux puits qui gazouille au tournant du chemin ;
Le jardin, le fournil, l’enclos plein de lumière,
Où nous avons dansé des rondes par la main…
Plus tard, quand notre cœur s’ouvre aux saintes chimères,
Quand il est temps d’aimer et de croire à genoux ;
Laissons grandir nos fils à côté de nos mères,
Chez nous !


Et quand les fleurs des blés s’ouvriront dans la plaine,
Quand nos deux bras meurtris seront las de semer ;
Quand l’heure nous dira : « Ton existence est pleine :
Cesse de tant souffrir, cesse de tant aimer ! »
Frère, quand il faudra que notre tige tombe
Parmi tous les épis moissonnés avant nous,
Nous nous endormirons en paix, dans notre tombe,
Chez nous !