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UN CŒUR FIDÈLE

parlaient entre eux, pendant que les chevaux allaient au pas.

— C’est dur le métier d’habitant !

François Beaulieu redressa sa grande taille.

— T’as pas à te plaindre, toi, gros Jean ! T’as pris une terre toute faite : si t’avais pris comme moi une terre en bois debout pleine de roches !

On travaillait dans l’abatis toute la journée, on dînait sur une souche, on rentrait à la nuit tombante avec du charbon jusque dans le blanc des yeux. On semait, ça venait pas ; quand ça venait, ça gelait. Cela c’est de la misère. Mais quand on a pris le dessus, on est bien content d’avoir une terre. Moi, il y a rien que je trouve