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UN CŒUR FIDÈLE

on voyait les flots du large, et les petites îles qui émaillaient la nappe azurée comme des fleurs d’ombre. À mesure qu’on avançait dans ce chemin, le panorama se précisait, s’élargissait. Les prairies qui longeaient le fleuve et dans lesquelles on menait paître les vaches, apparaissaient bizarres, étranges, avec leur terre vaseuse et leurs jeunes herbes luisantes. Au fond, on distinguait les côtes effacées du Nord ainsi que l’embouchure du Saguenay, et les hautes crêtes de Tadoussac ; sur le bleu de la mer, se balançait parfois, gracieuse, immaculée, la blanche voile d’un pêcheur.

Mais ce n’était pas encore l’été ; une bise froide fouettait le visage des laboureurs. L’herbe commençait seulement à poindre et