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UN CŒUR FIDÈLE

nes et les monts. L’immobilité de la nuit donnait un air fantastique aux lignes des lointaines forêts, véritable mur crénelé, inébranlable malgré les plus violentes tempêtes. D’abord, ce fut un grand silence ce silence infini des nuits où la vie elle-même sommeille. Mais le voile se dissipa et peu à peu les campagnes s’éveillèrent. Les coqs chantaient, les portes grinçaient, et dans les étables on entendait les chevaux hennir et les vaches tirer leur chaîne.

La voiture qui gravit la « côte grise », coupée par le chemin du roi, prit tout à coup une courbe à gauche, et Marie aperçut, tout près, se détachant sur le vert d’un massif de saules et de frêles érables, une maison blanche à toit pointu, haute et large, ayant presque l’air d’un manoir.