Page:Lamontagne-Beauregard - Récits et légendes, 1922.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 92 —

train, il vit, à quelques arpents de la grange, un homme qui marchait dans son champ. C’était en octobre, le mois des brumes. Un brouillard épais pesait sur toute chose. Un petit vent sec faisait craquer les branches, tendues en bras de squelettes, le long des clôtures. L’homme marchait lentement, suivant un sillon, la tête basse, comme absorbé dans une pensée profonde. François Lemieux le reconnut : c’était le père Édouard Gagné. Tout saisi, il courut à la maison du père Boucher, et poussant la porte comme un coup de vent, il dit avec une voix tremblante : «  Venez voir le père Gagné qui se promène sur ma terre ! » Puis il courut de même chez le père Beaulieu et dit encore : « Venez voir le père Gagné qui se promène sur ma terre ! » Alors ils s’approchèrent tous les trois et le regardèrent