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la même maison, cultivant la même terre, faisant les mêmes travaux, semant le printemps, récoltant l’automne, battant le grain l’hiver, on ne peut pas s’en aller comme cela, du jour au lendemain, comme une feuille qui part au vent. On revient dans ces maisons, où l’on s’est toujours assis à la même place, dans la même chaise, près de la même table. Non, on ne peut pas s’en aller comme cela, du jour au lendemain. Moi, je vous dis que, mort ou vivant, je reviendrai sur ma terre ! » Il s’arrêta pour s’essuyer le front où la sueur coulait. Elle était profonde et vivante la tristesse de ce vieillard, dont l’âme était pétrie de toute l’énergie d’une race. — Il reprit : « Cette terre-là je l’ai prise en bois debout, j’ai fait de l’abatis, j’ai ésouché, éroché, labouré, hersé, semé. La première année ça n’a rien donné. Ensuite, c’est