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morts voyagent. Il y en a qui se font voir. Mon père a vu un nommé Charron qui lui devait cinquante piastres. Il l’a vu tout courbé, et il a compris qu’il disait : « J’ai tes cinquante piastres sur le dos »… Mon père lui a crié. « Je te les donne ! » et, depuis, il ne l’a pas revu. Vous souvenez-vous de ce pauvre Roussel qui a été vu, un soir, avec des chaînes sur les bras, faisant le tour de la terre qu’il n’avait pas voulu payer ? Moi, je vous dis que les morts voyagent »…

Il se fit un grand silence. Ensuite, le père Gagné qui n’avait pas parlé jusque-là, se réveilla de sa torpeur. Il se leva, vida sa pipe sur le devant du poêle, et, se redressant, il dit :

« Oui, je crois que les âmes reviennent. Cela ne peut pas être autrement. Quand on a passé des années et des années dans