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teaux usés, le vieillard se tenait penché, les coudes sur les genoux, la tête dans les mains, et les autres le regardaient avec cette pitié muette qu’on a devant les grands chagrins…

Ils parlaient des morts. Les habitants, dans leur âme simple et croyante, ne s’effraient pas des mystères de la mort. Ils en parlent avec tranquillité comme ils parlent du temps et des semailles. Le soir était lourd, le vent soufflait. On entendait battre les portes des remises, et dehors, quelques chiens jappaient.

— « Ce soir, dit François Lemieux, les morts voyagent. Ils viennent rôder autour des bâtiments. Ils rentrent aussi parfois, dans les maisons, pour revoir les lieux où ils ont vécu. Ma grand’mère avait l’habitude de leur mettre un couvert pour qu’ils mangent. Je vous dis que les