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du soleil qui tombaient des vitraux se jouaient à ses pieds, les cierges brûlaient parmi les fleurs, et l’aveugle, ravie, ne cessait de dire : « Que c’est beau, mon Dieu, que c’est beau ! »… Des cris de joie s’échappèrent de ses lèvres, et ses regards pleins d’une ivresse infinie se fixaient obstinément sur l’autel de la grande Sainte… Mais voici qu’une pensée du ciel lui vint. Elle trembla dans la crainte que sa joie fut une joie trop terrestre, une joie fatale, et, joignant de nouveau les mains, elle dit à la bonne sainte Anne. « Grande sainte, si le don que vous m’avez fait doit me conduire au péché, si ma vue doit me perdre, si je puis tomber en enfer à cause d’elle, grande sainte, laissez-moi dans mes ténèbres. Retirez-moi le don de la lumière… Que je ne voie jamais la clarté du jour, l’herbe des champs, la verdure des