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elle, un monde inconnu et lointain, mais vrai, le monde des merveilles éternelles promises à ceux qui espèrent et qui aiment. Et l’aveugle, comme une visionnaire mystique, vivait d’une vie intérieure et secrète. Sa bouche ne connaissait pas les paroles amères, car son âme était pétrie d’amour…

Lucie venait d’atteindre sa dix-huitième année quand sa mère décida de l’emmener à Sainte-Anne de Beaupré. Cette année-là les miracles se multipliaient dans l’église de la grande Thaumaturge, et le nom de la bonne sainte Anne était sur toutes les lèvres. Lucie s’y rendit, conduite par sa mère. Agenouillée au pied de l’autel, transportée de foi et d’amour, elle fit à sainte Anne cette prière : — « Grande sainte, vous dont l’âme est pleine de pitié, et dont les mains sont pleines de grâ-