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je ne parvins pas à tisser une aune. Bûcheron, je m’enfonçai dans l’épaisseur des forêts, résolu d’abattre un grand nombre de ces arbres géants dont le cœur est de flamme et la voix d’airain. Mais aussitôt, des bêtes féroces, sortant des profondeurs des bois, apparurent devant moi, et me fermèrent le chemin… Alors, je fus saisi d’horreur et je pensai que la mort était venue. Mais, en ce moment, je m’éveillai de ce songe terrible. C’était le matin, aux premières heures. Les hommes avaient repris le fardeau de chaque jour. Les usines fumaient, les coups de massue retentissaient dans l’air. Les coteaux ruisselaient de lumière, et je vis que les champs étaient semés. Je compris mon bonheur de n’être pas seul, d’avoir des frères de travail, des compagnons de la-