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de tous celui qui sème l’amour et qui chante la fraternité ?…

Un jour j’ai rêvé, dit-il, que le laboureur me disait : « Fais ton pain, je ne te nourris plus. Gratte la terre et sème le blé qui sera ta nourriture. » Le tisserand aussi me disait : « Je suis las de te vêtir : fais tes habits toi-même. » Enfin, le maçon dit à son tour : « Je ne te bâtirai pas de toit. Prends la truelle, et construis de tes propres mains l’abri qui te gardera des éléments. » Un anathème universel pesait sur moi, et je me trouvai tout-à-coup livré à moi-même, seul, en face de la sauvage nature.

Je me mis à l’œuvre avec courage. Laboureur, je pris la charrue pour remuer la terre, mais les sillons ne s’ouvraient pas devant mes efforts acharnés. Maçon, la truelle me tombait des mains. Tisserand,