Page:Lamontagne-Beauregard - Récits et légendes, 1922.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 47 —

Cet amer chagrin avait rendu la vieille acariâtre et déplaisante. Mais elle était surtout connue pour son avarice. Quand elle voyait venir un quêteux elle mettait le verrou à la porte ; il y frappait toujours en vain. — « Quand on a rien on donne rien… » disait-elle, dans son mauvais cœur. Elle ne donnait même pas une croûte de pain à ces pauvres maigre-échines qui ont le ventre collé au dos… Des fois, le vieux donnait, mais c’était à la cachette. Elle ne se laissait jamais toucher ; c’est comme si le chagrin lui eut desséché le cœur… Enfin, elle était dure, et personne ne l’aimait.

Un soir, — c’était un soir du mois de janvier — la terre était couverte d’une neige épaisse et blanche, car il avait neigé toute la journée, et il neigeait encore à gros flocons. La lune se cachait derrière