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pas un jour par les chemins, prenant pour manger les croûtes qu’on jette, et couchant sur la paille, dans les granges ? Nous serions bien aises alors, de le savoir bien nourri, bien logé, et de penser qu’une pauvre vieille comme nous a pitié de lui… Tenez, je vais vous conter une chose qui est arrivée pas loin de chez mon père, quand j’étais jeune fille. Je ne l’ai pas oubliée, et chacun en a parlé longtemps.

Il y avait une vieille de quatre-vingts ans, la mère Beauchamp, qui vivait seule avec son vieux, un peu plus jeune qu’elle. Ils vivaient dans une petite maison laide et basse, que tout le monde avait un peu peur d’approcher, car la vieille était grognonne, maussade et méchante. Elle trouvait à redire à tout, rien ne lui plaisait, elle bougonnait sans cesse, et je vous assure que son vieux n’était pas toujours heu-