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nants… Elles en vinrent à parler des quêteux — il en passe tant dans les campagnes — et de l’obligation de faire la charité. La parole était à la mère Lefrançois, une petite vieille toute fluette qui avait beaucoup de mémoire et parlait vite. — « Moi, je pense, disait-elle, qu’il ne faut jamais refuser la charité à ces passants qui vont par les chemins… On sait bien qu’il y en a, à travers, qui ne sont pas des modèles de politesse, mais on donne quand même. On ne peut pas choisir ses quêteux, comme on choisit ses amis… Et c’est la charité qui sauve, paraît-il… À part cela, qui nous dit que ces quêteux ne sont pas parfois des parents éloignés qu’on n’a pas connus, et sur qui le malheur est tombé… ? Nul ne connaît l’avenir. Nous avons tous des enfants. Qui sait si l’un des nôtres, frappé de démence, ne passera