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teur des foins séchés. Nuit mystérieuse, nuit légère, pleine de bruits d’ailes, nuit parlante, nuit immatérielle, où les paysans ont, sans le savoir, l’air d’écouter un vol silencieux, un vol d’âmes…

Alors, l’homme et la femme entendirent un bruit qui s’éleva dans la maison, un bruit égal, persistant et doux, un bruit de rouet qui tourne. Ils se levèrent tous deux, montèrent l’escalier de bois usé, marqué du pas des anciens, et tremblants, poussèrent la porte du grenier : Le vieux rouet tournait sous une main invisible…

Rou… rou… rou… le vieux rouet tournait, tournait…

Il tournait comme au temps de sa jeunesse, alors qu’il était fort et qu’il était beau. Il tournait comme aux heures de joie lointaine où la laine blanche le couronnait, où des mains fines le touchaient,