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proie à un violent mécontentement. Les plis de son front se creusaient d’une façon méchante. De temps en temps il lançait un juron qui faisait s’envoler les oiseaux, épeurés, et dresser les oreilles des bœufs pensifs. Arrivé devant le Calvaire, il ne songea pas à se découvrir et à se signer, comme d’habitude. Il cria rudement à ses bœufs et lança un nouveau juron. Mais les bœufs au lieu d’avancer s’arrêtèrent aussitôt et demeurèrent immobiles comme attachés au sol. D’abord, le vieux pensa qu’une bête sauvage, sortie du bois, se tenait droite devant ses bœufs, comme cela était arrivé déjà. Il regarda au proche, au loin : rien. Rien d’étrange ne paraissait sur la route. Alors, il se dit : « Ils sont fatigués, voilà tout. Laissons-les se reposer un peu ». Il sauta de voiture, s’approcha de ses bêtes, les cajola, leur parla,