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si, le père José n’avait-il pas assez de ses yeux pour les regarder. Il les aimait, il admirait avec une satisfaction profonde leur mine fière, leur haute stature, leur apparence d’endurance et de force. Ils étaient ses compagnons de défrichement, du temps où il lui avait fallu peiner si dur. Ce qu’ils en avaient arraché de souches et tracé de sillons ! Ils étaient un souvenir vivant de ses jours de glorieux labeur. Il leur parlait toujours avec tendresse : « Avance mon Roux ! Par ici mon Blanc ! » Et les bœufs l’écoutaient, dociles et doux. Mais ce jour-là le père José ne parlait pas : il fronçait les sourcils, mécontent de sa journée. La pluie l’avait dérangé ; elle avait même menacé de gâter son grain. Une roue de la charrette s’était brisée dans une ornière. L’attelage s’était cassé, enfin tout avait mal marché et l’homme était en