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Quelques maisonnettes seulement voisinent ce Calvaire. Leur pignon gris se découpe nettement sur le vert sombre des forêts. Elles ont l’air de sentinelles gardant la solitude des bois. La première de ces maisonnettes abrite un jeune paysan à qui le père a donné son bien en mourant. Ce vieux se nommait le père José ; personne ne lui connaissait d’autre nom. Il était reconnu pour un homme emporté et violent, mais il avait bon cœur et on le disait très avenant.

Or, on raconte qu’un jour, alors qu’il n’était pas encore vieux, le père José revenait des champs, conduisant une charge de blé que tiraient ses deux bœufs favoris : le Blanc et le Roux. C’étaient, en effet, deux belles bêtes que ces gros bœufs, droits sur leurs jarrets, l’œil vif, « tendres de gueule, et francs dans le collier ». Aus-