Page:Lamontagne-Beauregard - Récits et légendes, 1922.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 24 —

Ceux-là ont un air doux qui repose. Quand il y a un Christ de fer sur la Croix de bois, et qu’on veuille bien le regarder un peu, on trouve qu’il ressemble à tous les habitants qu’on connaît. Il en a la figure sereine, le sourire naïf et doux. Son geste éternel semble fait de pitié… Il a l’air de nous regarder et de nous dire : « Je suis le gardien des moissons. Je connais la faim incessante qui tourmente les hommes affamés, et je protège les blés qui leur donnent du pain. Mon visage est impassible et mes bras sont inertes, mais l’ombre que j’étends sur la plaine est une ombre bienfaisante qui chasse les ténèbres mauvaises. Je suis la sentinelle des champs, le muet soldat de la terre. Je suis le père des paysans, je les aime ; je suis heureux quand un soleil fécond dore les flancs de leurs coteaux, et qu’un riche automne comble