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soir même, entre chien et loup, un nouveau mendiant se présenta, demandant du blé pour ensemencer. Sa figure était pâle et maigre, ses joues étaient creuses. Les privations de toutes sortes se voyaient en lui ; il était effrayant comme un spectre. Pourtant, on le connaissait pour un bon travaillant. Mais quand le malheur s’acharne… sait-on jamais ce qui nous attend ? Il est de ces forces qui sont au-dessus de nous… — « Nous avons juste de quoi nous nourrir d’ici la récolte, dit-il. Après, que deviendrons-nous ? Si vous ne vous laissez toucher, nous mourrons avant l’hiver, et mes enfants me maudiront dans leur agonie. Ils croiront peut-être que j’étais lâche, que j’aurais pu les nourrir mieux… Oh ! ce serait trop dur !… Donnez pour eux, au moins… Si vous voyiez les pauvres visages amincis, et ces petites