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que les paysans à la terre. L’hiver, languissants et mornes, ils semblent étrangers à ce qui les entoure, mais dès que les beaux jours paraissent, ils retrouvent leur joie de vivre… Alors ils se réveillent de leur léthargie, et comme des exilés qui revoient la patrie, ils prennent gaiement la route des grèves où les attend la fine goélette, leur amie. — « As-tu gréé ta Marie-Anne ? » « Moi, j’appareille demain. » Ils s’interpellent avec des éclairs de joie dans leurs yeux profonds, amoureux des solitudes. Bientôt on les voit mettre à la voile et partir. Le vieux sang des ancêtres, Normands et Bretons coureurs de mers, reprend sa vigueur ancienne dans leurs désirs d’immensité… Ils vont, ils vont, sans savoir où et pourquoi, car ils sont nés avec du rêve dans l’âme et du ciel dans les yeux… L’infini est leur do-