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âme le même amour comme le même horizon à ses yeux. J’en connais dont le bateau porte le nom de la bien-aimée, celle qui fut la grande joie de leur jeunesse, et l’illumination de leur vie… Leur amour va grandissant comme la mer, et comme la mer il est éternel… Porté sur l’aile des nuages qui dorent les soirs d’accalmie, mêlé à la brise légère imprégnée de varech, ou à la chanson mélancolique des grands vents qui grondent dans la nuit, le souvenir de la bien-aimée, leur première «  blonde », durera dans leur cœur paisible comme la profondeur dure au fond des océans.

Les hommes du large ont des habitudes, une vie, un langage particuliers. Ils sont indifférents à ce qui intéresse les autres hommes, et, malgré leur existence pleine de dangers, ils sont plus attachés à la mer