Page:Lamontagne-Beauregard - Récits et légendes, 1922.djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 132 —

cloués d’une grande mémoire. Ils savent sur le bout de leurs doigts la formation et l’histoire maritime de leur petite patrie, et leur esprit fourmille de légendes jolies où passent des sirènes aux douces voix et des flottes aux équipages mystérieux… Ils sont les gardiens et les maîtres d’une poésie splendide qui n’a pas de limites, qui s’étend aussi loin que le ciel…

On accuse les marins d’être des hommes rudes. Rudes ils le sont de gestes et de manières, car les manœuvres de la mer sont violentes, mais il serait injuste de croire que les hommes du large sont bornés et durs ; ils sont plutôt sensibles comme des femmes. Peut-on avoir une âme bornée quand on vit sur la mer, et qu’y a-t-il de plus propice aux beaux rêves humains que cette divine étendue qui n’a pas de fin ?… Souvent le marin garde à son