Page:Lamontagne-Beauregard - Récits et légendes, 1922.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 131 —

et solide comme un brig… Dépareillé, je vous assure, dépareillé ! » Ils disent cela avec satisfaction posant une main tendre sur le flanc de leur vaisseau, comme les terriens caressent en la vantant leur bête docile.

Les hommes du large aiment leur vie ; ils en comprennent les mystères, ils en connaissent les secrets. Aussi sont-ils très habiles à saisir les changements atmosphériques et tous les caprices du vent. Ils prédisent avec sûreté le suroît, le nordet, le calme ou le beau temps. Ils regardent de gauche, de droite, scrutant l’horizon, épient les courants, puis, comme si quelque sirène invisible leur avait soufflé les secrets de la nature, ils disent alors carrément. «  Nous aurons du calme », ou bien : «  Nous aurons du gros vent ». Et ils ne se trompent pas. Ils sont généralement