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juste assez pour donner un peu d’émotion. Ils prennent des ris et tirent des bordées… L’eau frise un peu, les drisses craquent et parfois le vent se fâche, mais le gréement est bon, et ils sont heureux. De quoi auraient-ils peur ? Ils connaissent le danger, ils savent le combattre ; d’ailleurs, ils en ont vu d’autres que celle-là ! Les hommes du large sont audacieux et prudents, et en même temps orgueilleux. Ils se plaisent à conter leurs prouesses, aiment qu’on les en loue, et ne dédaignent pas voir briller les yeux des femmes au récit de leurs exploits. Ils se croient souvent plus intrépides que leurs camarades, et leur bateau leur semble plus élégant, mieux fait, plus vaillant que les autres. « Il n’a pas son pareil », vous disent-ils. « Ardent sous la grosse brise, souple, docile comme un petit enfant, avec cela tenant bien la mer