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Le capitaine n’a plus revu jamais le vaisseau noir aux blanches voiles. C’est en vain que ses yeux rêveurs cherchent la douce vision. L’horizon reste morne et la nuit reste noire. C’est en vain que le soir à l’heure où les astres d’or s’allument au fond du ciel silencieux, c’est en vain que sur la barque grise à demi désemparée il erre jusqu’au matin, scrutant l’infini de la mer profonde, le vaisseau ne reparaît plus. Des larmes brûlantes tombent alors de ses yeux, et, la mort dans l’âme, il s’écrie : Je ne te reverrai donc jamais, ô fantôme adoré que je pleure ? Pourtant tu venais à moi. As-tu pleuré ? As-tu souri ? Je voyais ta taille souple se dessinant sur la nuit noire. Il m’a semblé que tu te penchais vers moi, que tu m’avais reconnu, que ton âme tressaillait à l’approche de mon âme, et que ta lèvre disait : viens !