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moi le vaisseau fantôme, soulevant avec sa proue gigantesque une écume vivante comme une mer de feu. Oh ! quel émoi me saisit alors ! Comment mes lèvres pourront-elles dire ce que j’ai vu ? Quel charme pour mes yeux, quelle ivresse pour mon cœur ! J’aperçus, vêtue de blanc, tenant la roue, et les cheveux dans le vent, calme, belle comme une déesse, j’aperçus ma bien-aimée celle que la mort m’a prise, il y a dix ans. Fou de joie, les bras ouverts. je voulus m’élancer pour la saisir, mais soudain, dans l’ombre d’une nuit profonde, le vaisseau mystérieux s’était effacé. Ô vision des visions ! Qu’es-tu donc devenu, divin bateau qui t’en vas emportant ma bien-aimée ? »

Le navire était noir et la voile était blanche…