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est-elle si grande et tes sanglots si profonds ? Depuis, l’anse pleure. Toujours, par les soirs calmes et charmeurs, par les couchants orageux, par les matins éblouissants, par les étés, par les printemps, l’anse pleure. Elle qui riait et gazouillait n’a plus maintenant qu’une plainte, qu’un chant de tombeau… On dirait qu’elle se lamente, qu’elle s’afflige de cette mort cruelle, et qu’elle berce le sommeil des amants. Anse pleureuse, que ta voix est triste à écouter le soir ! Tes jeunes filles en frissonnent, et les hommes qui l’entendent se signent. Les vieux pêcheurs fuient tes ombres, et tes flots eux-mêmes roulent des sanglots. Garderas-tu toujours ton secret, enfoui parmi tes herbes vertes ? Vas-tu toujours jeter ta plainte douloureuse, ô grand tombeau mystérieux ?

Anse pleureuse, pleure, pleure…