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noces. Je m’étais cachée parmi les invités pour regarder danser, mais je ne regardais pas la danse. Je ne pouvais détacher mes yeux de ce jeune couple qui était presqu’un couple d’enfants. « Que vont-ils devenir ? Comment vont-ils faire pour vivre ? » me disais-je intérieurement. J’étais joyeuse et inquiète devant eux. J’entendis quelqu’un dire : « C’est une fille hardie : il n’a pas même une terre en bois debout ! » Et je les plaignais, je croyais qu’ils allaient beaucoup pâtir, que la misère viendrait frapper à leur porte, et je tremblais à les voir si frêles et si jeunes. Mais je n’avais pas vu la flamme de leurs yeux, et deviné le rêve de leurs âmes. Je ne savais pas que la sainte ambition des ancêtres devait renaître en eux, et que, de nouveau, par ce jeune couple, l’histoire des aïeux allait se renouveler…