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peut-être, va revenir de ses pêches au large, mais votre mari, le jeune pêcheur que vous épouserez pour sa douceur, pour son habileté à la rame, à l’écoute, peut-être lui, qu’un jour il ne reviendra pas… « On sait qu’il va revenir »… Vous croirez longtemps à ce retour. Debout, sur les crans sauvages que rasent l’écume de la vague et l’aile de l’alouette, les bras levés, les cheveux à moitié défaits, faibles de crainte, fortes de foi, vous scruterez l’horizon où nulle voile ne se voit. Rien, rien, rien… Vous regarderez longtemps d’un œil dévorant. Vous vous écraserez sur le dur rocher, vous attendrez des jours, des jours, des semaines, en vain. Alors, tout sera fini, et vous aurez le cœur brisé. Vous serez veuves, veuves de pêcheurs. Au fond de votre maisonnette grise, couleur de pluie, je vous vois, jeunes femmes aux