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LA MOISSON NOUVELLE

II

Il est nuit. Le grand vent, qui sanglote et qui gronde
En de rudes assauts contre nos murs s’effondre.
La neige tombe. Assise, et seule au coin du feu,
Je rêve à quelque ciel lointain et toujours bleu,
A la terre odorante et chaude d’Italie,
A ses lacs clairs où va la gondole jolie,
Portant, le cou noué d’un châle d’opéra,
Une belle, et robuste, et brune signora…
Je rêve au sol de France avec ses blondes vignes,
Et ses calmes étangs où s’endorment les cygnes,
A la Belgique où sont les beffrois et les tours,
Les clochers ajourés, les toits aux purs contours,
Les collines grouillant de moisson odorante,
Les enclos habillés de lys et d’amarante,
Où, dans son nid la blanche colombe s’endort
En fermant doucement, le soir, son aile d’or !…