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LÉGENDES GASPÉSIENNES.

soleil, et les bois, tout baignés des gloires de l’été, n’ont pas plus de splendeur que leurs jours enchantés !… Ils seraient prêts à mourir l’un pour l’autre comme Dollard des Ormeaux est mort pour la colonie… Ô sublime, ô divine folie de l’amour !… »

— Trois années se sont écoulées depuis que je fis leur rencontre dans le parc Lafontaine. Aujourd’hui j’ai revu le jeune ouvrier, conduisant doucement le long des plates-bandes en fleurs un jeune enfant dont les pas ne semblaient pas très assurés. Je l’ai reconnu tout de suite. Il a vieilli ; son visage a maintenant une expression douloureuse. J’allai vers lui ; il me reconnut aussi sans hésitation et je vis aussitôt qu’il allait me dire quelque chose de triste… J’allais lui demander : « Où est-elle ? » Mais il devina ma pensée et répondit à ma question avant qu’elle ne lui fut posée.

— « Elle est malade depuis six mois, malade au lit. C’est une maladie de poitrine, et elle tousse horriblement. Elle est trop vaillante, elle a tenu trop longtemps. Pauvre petite femme, elle