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LÉGENDES GASPÉSIENNES.

heur ineffable inondait l’âme de la jeune fiancée. Il lui semblait que le Ciel lui-même présidait à sa destinée. Bientôt, bientôt, elle reverrait le bien-aimé… Déjà la couronne d’orangers s’apprêtait pour orner ses cheveux d’or…

— Chantez, chantez, brises des mers ! Brises des mers, chantez ! —

Mais hélas ! un soir que des ombres très grandes s’étendaient sur les flots, un vaisseau monstrueux apparut, barrant la marche, un vaisseau noir aux voiles blanches, portant à sa proue une tête de mort grossièrement sculptée dans du bois. C’était un bateau de pirates. Ce bateau semblait sortir du fond des enfers. Des hommes au visage satanique en composaient l’équipage. Leurs yeux brillèrent d’une joie infernale quand ils virent ce vaisseau étranger qui devenait leur proie. Ils s’en emparèrent après avoir réduit les hommes d’équipage à néant en les garrottant après les mâts, puis ils s’élancèrent vers la fiancée, à qui ils rêvaient de faire subir les plus grands supplices.

Mais pour échapper à ces sinistres