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IVON LEFRANÇOIS.



C ’était, il y a trente ans, dans un village de la péninsule gaspésienne. Village pauvre, terne, aux toits gris comme du brouillard. Une cinquantaine de maisons en tout, maisons basses à toit pointu, bâties proche à proche sur une pointe qui s’avance de quelques arpents dans la mer. De hautes montagnes s’élevaient en arrière, montagnes couvertes de forêts noires qui paraissaient inaccessibles aux pas des hommes.

Une grève sablonneuse s’étendait à perte de vue, une grève blonde parsemée de troncs d’arbres morts et de squelettes de vaisseaux abandonnés. En avant s’étendait le golfe bleu, mer immense où se croisaient les barges des pêcheurs. Ces barges solides comme