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LE FANTÔME.

sant après lui des feux brûlants comme ceux du jour.

Le père Martin tira une longue bouffée de sa pipe qu’il venait d’allumer, passa longuement ses doigts dans sa moustache, se dérhuma à plusieurs reprises, puis il commença le récit de : « La morte d’amour » appelé aussi « Le Fantôme ».

« Écoutez-bien, mes enfants, dit-il, cela vous apprendra à toujours tenir vos promesses d’amour ! La chose est arrivée, vous pouvez m’en croire, entre Cacouna et Rivière-du-Loup, dans les temps où l’on pouvait voir, le soir sur les grèves, la danse des feux-follets…

— Cette jeune fille se nommait Geneviève. C’était une fleur rustique, née dans la plaine avec les hautes herbes, et ses yeux bleus de ciel ressemblaient à la violette des bois. Quand elle marchait, sa taille était souple comme la branche d’un saule. Ses cheveux épais flottaient doucement dans la brise et sa tête délicate semblait coiffée de lune. Elle allait comme un sylphe radieux et sa voix faisait rêver les oiseaux au fond des bosquets… Julien