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LÉGENDES GASPÉSIENNES.

Elle était douée d’une voix merveilleuse. D’elle-même elle se mit à fredonner des airs de toutes sortes. Sa voix était si belle que c’était plaisir d’entendre ces petits riens joyeux qui s’échappaient de ses lèvres. Peu à peu, elle apprit un grand nombre de ces vieilles chansons françaises qui se chantaient et se chantent encore dans les veillées canadiennes. Elle chantait avec un charme incomparable l’exquise romance : « C’est un oiseau qui vient de France. » Le vieux seigneur la lui faisait chanter souvent. Par les soirs de printemps et d’été, à l’heure où le ciel et la terre eux-mêmes semblent se recueillir, à cette heure où les parfums montent du sol et la tendresse des cœurs, longtemps et très-tard la jeune Montagnaise jetait sa chanson dans l’air pur. Parfois, sa voix harmonieuse avait des douceurs infinies… Et le vieillard, dont les jours s’en allaient, un à un, le rapprochant sans cesse de la tombe, trouvait une joie nouvelle à entendre chanter cette enfant dont la vie commençait. « Encore une fois ! » suppliait-il, « encore une fois ! » Et