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LA FILLE D’ADOPTION.

de ce qui pouvait arriver. Il n’était plus alerte comme autrefois ; un coup de vent trop violent le jetterait à terre, et la neige ensuite pourrait en peu de temps l’ensevelir. Des visions terribles passaient et repassaient dans son cerveau. Ne pouvant rien voir dans la fenêtre elle alla chercher son chapelet et se mit à prier avec ferveur. Des minutes interminables s’écoulèrent…

Tout-à-coup, la porte s’ouvrit. Le vieillard entra, essoufflé et blanc de neige. Il tenait, bien serrée contre lui, une petite fille au visage bruni, dont les vêtements glacés pendaient le long de son corps avec ses bras inertes. « Je suis arrivé à temps, je t’assure ! Elle vient de perdre connaissance. Je l’ai trouvée à côté du chemin, pas mal loin d’ici. Vite, ma femme, emporte des vêtements chauds et tout ce qu’il faut pour la ranimer. La vie de cette petite est entre nos mains ! » Déposée avec soin sur le sofa, la petite fille, au contact de la bonne chaleur, venait déjà d’ouvrir les yeux. « Mon Dieu, la belle enfant, la belle petite sauvagesse ! » s’écria la femme du seigneur.