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LÉGENDES GASPÉSIENNES.

plus forte, frappait violemment contre les murs. Mais la maison restait chaude et silencieuse au milieu de la tempête.

Onze heures venaient de sonner à la grande horloge de bois. Le seigneur se leva, entr’ouvrit la porte pour regarder au dehors. Le vent lui cingla vivement le visage. « Ah ! c’est un temps de chien !  » murmura-t-il. Puis il prêta tout-à-coup l’oreille à des bruits étranges qui venaient de loin, dans la nuit. « Écoute, femme, j’entends une voix au dehors ; ce sont des plaintes, c’est une voix d’enfant ! Mon Dieu ! C’est un enfant perdu dans la tempête ! Coûte que coûte, il faut que j’aille ! il faut que j’aille ! » — Tu n’y penses pas ! reprit sa femme, en tremblant. Ce doit être le vent que tu entends. Et tu ne peux sortir par un temps pareil. »

Elle essaya en vain de le retenir. Dans un instant, le vieillard, enveloppé des pieds à la tête, s’élançait dans la nuit, un fanal à la main. Sa femme referma bien vite la porte. Elle se mit à trembler d’épouvante à la pensée