LA FILLE D’ADOPTION.
’était en décembre 1732. Un de
ces soirs humides et froids, où le vent
élève une voix furieuse dans l’ombre.
Jean-Baptiste Côté, le vieux seigneur
de l’Isle Verte, venait de mettre une
nouvelle bûche dans le feu de la cheminée,
et le vent grondait avec force.
Mais la maison ne semblait pas souffrir
de la tourmente. C’était une de ces
anciennes demeures, faites sans apparat,
mais solides comme un brick, et
capables de résister aux plus violents
assauts. Elle était longue et basse,
garnie de fenêtres à petits carreaux,
et de lucarnes pointues que dardait le
soleil durant les joyeuses heures d’été.
Ce soir-là, la haute cheminée, très rustique,
faite à la hâte de la pierre des
montagnes, dévorait avec rapidité les
énormes morceaux de bois jetés dans